Depuis le début des années 1960, le paysage et l’utilisation des sols ont profondément évolué. La modernisation et l’intensification de l’agriculture ont simplifié les paysages agricoles et ont entraîné la dégradation ou la disparition de nombreux habitats riches en fleurs. Combiné avec une artificialisation croissante des terres, cela a entraîné une réduction importante des ressources florales disponibles pour les pollinisateurs à l’échelle du territoire. Les ressources florales se retrouvent de plus en plus isolées géographiquement, parfois à des distances supérieures aux capacités de déplacement des insectes pollinisateurs.
Même s’il n’y a pas encore de Liste rouge des insectes pollinisateurs établie selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), des évaluations font état de niveaux élevés de menaces sur certaines espèces d’abeilles et de papillons. Selon le rapport de l’IPBES (Potts, Simon G, Vera Lúcia Imperatriz-Fonseca, Hien T Ngo, Jacobus C Biesmeijer, Thomas D Breeze, Lynn V Dicks, Lucas A Garibaldi, et al. 2016. Rapport d’évaluation sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire)
en Europe, 9 % des espèces d’abeilles et de papillons sont menacés et les populations documentées diminuent respectivement de 37 % et de 31 %.
Les travaux de recherche scientifique identifient de multiples causes au déclin des pollinisateurs, susceptibles d’interagir entre elles lors d’expositions concomitantes ou successives.
Certains de ces facteurs sont bien connus, en premier la disparition des milieux et de la ressource alimentaire causée notamment par l’urbanisation, l’intensification de l’agriculture ou encore l’utilisation intensive de plantes non indigènes dans les espaces verts aussi bien publics que privés. L’effet néfaste de certains produits phytosanitaires n’est plus à prouver également.

D’autres facteurs sont plus difficiles à démontrer : effet du contexte environnemental, facteurs climatiques, etc. En ce qui concerne le changement climatique, il est soupçonné d’avoir un lien avec la modification de l’abondance des espèces, de leur aire de répartition et de leurs activités saisonnières. Cela peut causer des décalages notamment des périodes de floraison qui deviennent alors asynchrones avec les périodes de vol des pollinisateurs tributaires de cette ressource.
CONFÉRENCE » INSECTES, UN DÉCLIN SILENCIEUX «
Rencontre « Insectes, un déclin silencieux » du 21 novembre 2022 à l’Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution. Dans le cadre de l’exposition « Mini-Monstres » au Jardin des Plantes.
- Stéphane Foucart, journaliste sciences de l’environnement au journal Le Monde, auteur de l’ouvrage « Et le monde devint silencieux – Comment l’agrochimie a détruit les insectes » ;
- Philippe Grandcolas, écologue, systématicien et biologiste de l’évolution, directeur de recherche du CNRS au Muséum national d’Histoire naturelle ;
- Grégoire Loïs, ornithologue, directeur adjoint du programme Vigie Nature, Muséum national d’Histoire naturelle.