Des pollinisateurs qui se raréfient

Depuis le début des années 1960, le paysage et l’utilisation des sols ont profondément évolué. La modernisation et l’intensification de l’agriculture ont simplifié les paysages agricoles et ont entraîné la dégradation ou la disparition de nombreux habitats riches en fleurs. Combiné avec une artificialisation croissante des terres, cela a entraîné une réduction importante des ressources florales disponibles pour les pollinisateurs à l’échelle du territoire. Les ressources florales se retrouvent de plus en plus isolées géographiquement, parfois à des distances supérieures aux capacités de déplacement des insectes pollinisateurs.

Les travaux de recherche scientifique identifient de multiples causes au déclin des pollinisateurs : raréfaction des ressources disponibles, dégradation des habitats, intensification de l’agriculture, utilisation massive de produits phytosanitaires, urbanisation, éclairage artificiel, espèces exotiques envahissantes, propagation d’agents pathogènes, changement climatique, etc.

Abeille domestique (© Aurélie Lacoeuilhe/INPN)

Certains de ces facteurs sont largement connus et caractérisés. A cet égard, l’effet de certains produits phytosanitaires, comme les néonicotinoïdes, sur le comportement et la santé des abeilles domestiques a été mis en évidence par les chercheurs. Outre l’action létale à forte dose, ces substances toxiques qui sont absorbées par les espèces via le nectar et le pollen ont un impact négatif, même à faible dose, sur le comportement, la reproduction et le développement du système nerveux des abeilles. La toxicité des produits sur les populations d’abeilles sauvages est dès lors également prévisible. Dans cette optique, le Comité Permanent de l’Union Européenne des Végétaux, des Animaux, des Denrées Alimentaires et des Aliments pour Animaux a voté le 27 avril 2018 en faveur de la proposition de la Commission Européenne pour une restriction de l’utilisation de certains produits nocifs pour les abeilles dans les cultures de plein champ (texte exécute par la Commission Européenne). D’autres agents chimiques ou pathogènes ont également des effets nocifs, tels que le parasite Varroa qui touche notamment l’abeille domestique.

D’autres facteurs sont plus difficiles à démontrer : effet du contexte environnemental, facteurs climatiques, etc. En ce qui concerne le changement climatique, il est soupçonné d’avoir un lien avec la modification de l’abondance des espèces, de leur aire de répartition et de leurs activités saisonnières. Cela peut causer des décalages avec le cycle de vie des plantes et notamment avec leur période de floraison.

Le déclin des espèces met donc en œuvre de nombreux facteurs susceptibles d’interagir entre eux lors d’expositions concomitantes ou successives.
Même s’il n’y a pas encore de Liste rouge des insectes pollinisateurs établie selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), des évaluations font état de niveaux élevés de menaces sur certaines espèces d’abeilles et de papillons. Selon le rapport de l’IPBES, en Europe, 9 % des espèces d’abeilles et de papillons sont menacés et les populations documentées diminuent respectivement de 37 % et de 31 %.

Il est aujourd’hui nécessaire d’agir contre le déclin des pollinisateurs et donc pour la préservation des services de pollinisation. C’est dans cette optique que la Région Nouvelle-Aquitaine a mis en place en 2017 un Plan Régional d’Action « Pollinisateurs » .

 

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